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Côte d’Ivoire : la startup Wi-Agri chausse les bottes des producteurs d’anacarde
06 June 2023 Article
(Cio Mag) – Houphouët Kouassi Emmanuel est le président de la Société coopérative Anouanzè de Béoumi, une région agricole située dans le centre de la Côte d’Ivoire à plus de trois cents kilomètres d’Abidjan. Ses 539 membres exploitent plus de 3000 hectares de zone de production d’anacarde aussi appelé noix de cajou. Si les spéculations autour de cette culture contribuent à maintenir la Côte d’Ivoire à sa position de leader mondial avec près d’un million de tonnes produites en 2021, il n’en demeure pas moins que les perspectives de développement de la filière anacarde se heurtent à des difficultés qui peuvent entraîner des conséquences considérables sur le long terme.
Méconnaissance des notions d’éducation financière, difficultés d’accès aux marchés, fuite d’une partie de la production nationale… Tant de maux et bien d’autres encore auxquels Houphouët K. Emmanuel ajoute l’insécurité. A l’en croire, une vingtaine de braquages a été enregistrée dans la zone, laissant les producteurs d’anacarde avec des pertes de l’ordre de 500 millions de francs CFA. Alors quand au cours de la campagne de commercialisation de noix de cajou 2021, il expérimente la plateforme digitale intégrée Wi-Agri permettant aux membres de la coopérative de cartographier leurs plantations, de reconstituer le parcours de leurs produits, de la production à la distribution, et mieux, de se faire payer par mobile money, c’est tout naturellement qu’il accepte de se déplacer à Abidjan, la capitale économique, pour en témoigner.
CIDR Pamiga, Microsave et AgriStore
« Avec la plateforme digitale Wi-Agri nous avons une traçabilité sur les ventes du producteur ; elle nous permet également de savoir quelle quantité de produit phytosanitaire est nécessaire pour entretenir une certaine superficie », explique à Cio Mag, Houphouët K. Emmanuel, en marge de la conférence de presse de lancement de Wi-Agri, le jeudi 24 février dans un réceptif hôtelier. Parmi les intervenants, figurent les représentants des structures qui se sont alliées pour créer Wi-Agri afin d’accompagner les actions locales en faveur de la filière anacarde. Il s’agit notamment de l’organisation internationale de développement CIDR Pamiga, du cabinet Microsave et de l’entreprise technologique AgriStore. Y sont également présentes, l’entreprise Callivoire et l’institution de méso-finance Fin’Elle dont l’intérêt dans ce partenariat réside dans la présence de femmes dans la chaine de valeur, notamment comme ramasseuses, décortiqueuses et main d’œuvre dans l’industrie de transformation.
Selon Pierrette Kouakou, directrice générale, les financements de Fin’Elle contribueront à promouvoir l’entreprenariat féminin, avec un fort mandat sur l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur anacarde par la mise en place de produits financiers (épargne et crédit).
Wi-Agri, pionnier en Afrique francophone
La phase pilote de mise en œuvre de la plateforme Wi-Agri a lieu dans les régions de Gbêkê et du Gontougo, notamment dans les villes de Bouaké, Bondoukou et Béoumi. Dans ces zones, les promoteurs ont signé des protocoles d’accord avec 21 coopératives sur les 25 contactées. A ce jour, la plateforme enregistre 2 000 petits producteurs, acheteurs, coopératives et PME sur un objectif de 25 000 pour la fin de l’année 2022.
Un « résultat satisfaisant » pour Renée Chao-Beroff, PCA de Wi-agri. Qu’à cela ne tienne ! La startup ne compte pas s’arrêter à ces trois régions. « Nous irons partout ailleurs, et les premières coopératives vont, comme monsieur Houphouët, témoigner et amener d’autres à nous rejoindre », déclare Renée Chao-Beroff. Pour autant, elle n’ignore pas les réticences de certains producteurs face au numérique.
« La digitalisation est un élément nouveau dans le monde paysan (…) Je pense que les producteurs sont intrigués ; ils sont intéressés mais ne savent pas comment ça se passe ; ils ont envie d’observer, de voir comment les autres coopératives réussissent avec nous avant de s’engager ; de ce fait, nous n’avons pas de craintes qu’une fois que les services seront déployés, d’autres viendront se joindre à nous », explique la PCA, avant de préciser que la vocation de Wi-Agri, est de couvrir toute la Côte d’Ivoire et s’étendre à l’Afrique de l’Ouest francophone.
A l’en croire, de telles initiatives existent, « peut-être pas à l’identique », en Afrique de l’Est et en particulier au Kenya. Mais Wi-Agri en est le pionnier dans la zone francophone, et ne cache pas son intention de porter ce service qu’elle considère essentiel pour la modernisation de l’agriculture à l’ensemble des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest.
Elle ajoute par ailleurs que les frais d’abonnement mensuel à la plateforme s’élèvent à 200 francs CFA. Sur chaque transaction, les acheteurs paient une commission négociée avant la campagne. De même, les services financiers tels que Fin’Elle, et d’intrants comme Callivoire, ce sont aussi engagés à verser une commission pour chacun des services qu’ils apportent.
« Nous voyons clairement en Wi-agri une opportunité de rendre accessible à un nombre toujours plus grand d’agriculteurs et d’acteurs de cette chaine de valeur, l’offre intégrée de Callivoire », renchérit Florent Clair, coordonnateur des partenariats pour la durabilité chez UPL, société mère de Callivoire. Il souhaite pour sa part que les produits anacarde, cacao, maïs, riz, maraîchers, puissent être proposés sur la plateforme et distribués par le réseau de distributeurs partenaires.
Anselme AKEKO
Responsable Editorial Cio Mag Online
Journaliste économie numérique ivoirien
Correspondant en Côte d’Ivoire
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech Afrique francophone 2022 d’AMA Academy Awards.
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Aujourd’hui, les différentes études montrent que l’anacarde est essentiellement cultivé sur de petites parcelles (entre 1 et 3 ha) et regroupe environ 400 000 producteurs dont 10 à 15 % sont des femmes. Celles-ci ne sont généralement pas propriétaires des parcelles mais sont très présentes dans la chaîne de valeur, notamment comme ramasseuses et comme main d’œuvre dans l’industrie de transformation. L’exploitation de l’anacarde n’est pas encore optimale ; seule la noix fait l’objet d’une attention particulière au détriment de la pomme, riche en nutriments essentiels, qui souffre de certains préjugés à bannir. La filière de la noix de cajou fait face à d’autres défis, tels la fuite d’une partie de la production nationale vers certains pays limitrophes avec un manque à gagner pour les recettes de l’Etat, les campagnes de trois à quatre mois sur une année, laissant les producteurs dans une instabilité financière. La filière est aussi confrontée à l’insuffisance voire la méconnaissance des notions d’éducation financière, les difficultés d’accès au marché, aux capitaux, aux conseils et à l’information. Pour une activité aussi stratégique, il est important de pérenniser les activités, mettre en place des mécanismes pour assurer un revenu tout au long de l’année aux acteurs de la chaîne de valeur, contribuer à la résilience climatique des producteurs et à la préservation de l’environnement, créer plus d’emplois, soutenir les femmes et encourager les jeunes à s’investir dans la production et la transformation, afin d’aider à atteindre l’objectif national de 40 % de transformation au niveau local dès 2022. C’est le sens même de la mise en place de Wi-Agri qui ambitionne donc de s'arrimer aux actions gouvernementales pour créer plus de valeurs et d’opportunités aux acteurs agricoles. Créée en 2021, en Côte d’Ivoire, Wi-Agri est une plateforme digitale qui offre une diversité de services aux petits producteurs, aux travailleurs à faibles revenus (ramasseuses, main d’œuvre dans l’industrie de transformation) et aux autres acteurs de l'écosystème (fournisseurs d'intrants, intermédiaires, acheteurs, transformateurs, exportateurs, etc.). L'objectif de Wi-Agri est d'améliorer la résilience et le mode de vie des petits producteurs, des PME agricoles et des travailleurs à faibles revenus en milieu rural. Ses initiateurs mettent l’innovation et la technologie au cœur de son approche. Ainsi, Wi-Agri se positionne en facilitateur d’accès au marché, à travers une plateforme offrant des transactions élargies, sécurisées, et transparentes entre acheteurs et vendeurs tout au long de la chaîne de valeur. Un historique numérisé des transactions commerciales permet d'atténuer les risques de marché. La plateforme est enrichie par toute une gamme de services financiers, de conseils agricoles et d’éducation financière. Afin d’atteindre ses objectifs, Wi-Agri collabore pour l’heure avec des partenaires stratégiques comme Callivoire et Fin’ELLE pour respectivement augmenter la productivité des parcelles (grâce à des intrants de qualité et de meilleures pratiques agricoles) et améliorer les conditions de vie des acteurs de la chaîne de valeur anacarde avec la mise en place de produits financiers (épargne et crédit) sur mesure. Implantée en Côte d’Ivoire depuis 1986, Callivoire, filiale du groupe UPL et 5° acteur mondial de l’industrie de la protection des végétaux est une entreprise de solutions agricoles, tournée vers le développement de l’agriculture ivoirienne et le bien-être des populations. Fin’ELLE, quant à elle, est une institution de microfinance, filiale du Groupe COFINA qui ambitionne d’être le modèle panafricain de la finance inclusive pour la femme ; sans s’y limiter, et dont l’une des missions est de créer de la valeur ajoutée pour l’entreprenariat féminin afin de participer durablement à leur émancipation financière et sociale. Fin’ELLE sera le partenaire exclusif sur le segment femmes. L’accent est mis sur la résilience et le développement durable mais aussi sur les femmes. Aider les femmes à mieux gérer leurs activités et renforcer leur intégration dans les filières, par des services adaptés d'accès au marché financiers, d'information et de conseils, facilités par l'organisation en coopératives de femmes. Concrètement, grâce à ses partenaires en conseils agricoles et en éducation financière, la plateforme offrira du contenu diversifié comme des infographies, des vidéos, des modules d'éducation financière, des modules sur l’entrepreneuriat. L’objectif de cet apport de connaissances est de renforcer leurs capacités et les encourager à pratiquer de nouvelles activités génératrices de revenus liées à l’anacarde, comme par exemple des produits transformés. La plateforme Wi-Agri, qui a déjà enregistré 2000 petits producteurs, acheteurs, coopératives et PMEs lors de la campagne de commercialisation de la noix de cajou 2021, est accessible via application mobile, et un site internet. Les objectifs d’enrôlement de Wi-Agri sont de 10.000 acteurs pour le premier trimestre de l’année 2022 et de 25.000 pour la fin de l’année. La start-up multipliera par ailleurs, ses partenariats avec des institutions financières, des prestataires de conseils agricoles et d’éducation financière, des fournisseurs d’intrants et d’équipement agricole. La chaîne de valeur de la noix de cajou a été sélectionnée pour cette innovation dont la phase pilote de mise en œuvre a lieu dans les régions du Gontougo, du Gbêkê et une partie du Hambol. L’initiative est prévue pour s’étendre à d’autres localités et produits agricoles. A propos de CIDR-PAMIGA CIDR Pamiga est une organisation internationale de développement qui a pour mission de libérer le potentiel économique et social de régions rurales et périurbaines défavorisées. L’organisation facilite l’accès des petites entreprises et des ménages aux marchés, au financement, à l’énergie, à l’eau et à l’agriculture soutenable. Convaincue que le déploiement des technologies agro-écologiques, du numérique et du téléphone mobile sera un accélérateur du développement, CIDR Pamiga intègre dès que possible des solutions digitales dans ses services et programmes de développement. L’opportunité pour les acteurs des écosystèmes concernés ? Fiabiliser et accélérer les transactions financières, faciliter la circulation distribution des biens et services au travers de modèles de distribution efficaces et sécurisés, réaliser des économies d’échelle. Explorateur et entrepreneur sur le terrain de solutions personnalisées aux problématiques locales et nationales, CIDR Pamiga croit en la force des liens authentiques et du « faire ensemble » pour professionnaliser et autonomiser les acteurs du développement. A propos de MicroSave Consulting MicroSave Consulting (MSC) est un cabinet de conseil spécialisé qui, depuis 20 ans, a accompagné le monde vers une véritable inclusion financière, sociale et économique. Avec 11 bureaux dans le monde entier, environ 190 employés de différentes nationalités et des compétences variées, nous sommes fiers de travailler dans plus de 50 pays en voie de développement. Nous travaillons en partenariat avec les acteurs des écosystèmes de services financiers afin d'améliorer durablement les performances et de dégager une valeur durable. Nos clients sont des gouvernements, des donateurs, des entreprises du secteur privé et des entreprises locales. A propos de Agristore Agristore est une entreprise de technologies qui conçoit et opère de l’écosystème digital qui comprend divers services dont une place de marché pour les différents acteurs de la chaîne de valeur. Cette application de Marché assure aux agriculteurs les plus vulnérables de trouver des débouchés à leurs productions (offre de vente) et aux éventuels acheteurs de formuler leurs besoins (offre d’achat). La plateforme propose également des services d’agriculture de précisions qui allient informations agrométéorologiques, conseils et bonnes pratiques agricoles. AgriStore met à la disposition de l’utilisateur couvert par un réseau de télécommunications, quelle que soit sa zone (enclavée ou non, couverte par Internet ou pas) des outils faciles à prendre en main au moyen de n’importe quel type de téléphone. Par simple manipulation ou échange téléphonique avec un interlocuteur en langue officielle ou locale, la plateforme permet à tout type d’utilisateur d’accéder aux canaux (Centre d’appels, SMS, USSD, Appli mobile et Web) donnant accès aux services disponibles (publication de vente ou d’achat, accès aux conseillers experts, services météo etc…). Plus de 300 000 acteurs utilisent la plateforme Agristore Plus qu'une plateforme, Agristore devient un véritable écosystème digital qui permet aux utilisateurs de faire prospérer leurs activités tout en réduisant la fracture numérique existante. A propos de Fin’ELLE Créée en 2018, Fin’ELLE est une institution de microfinance dédiée à l’autonomisation des femmes entrepreneures. Avec une gamme de produits d’épargne, de crédit et de sessions de formation, Fin’ELLE s’engage à promouvoir le modèle panafricain de financement inclusif pour les femmes. Fin’ELLE compte plus de 11 000 clients et se classe au 9e rang des institutions de microfinance en Côte d’Ivoire. Fin‘ELLE ambitionne d’être le modèle de finance inclusive pour les femmes entrepreneures en leur apportant un accompagnement financier et non financier sur mesure : épargnes, crédits, assurances, monétiques, transferts d’argent, solutions de gestion de compte à distance et programme de formation structuré. Callivoire Implantée en Côte d’Ivoire depuis 1986, Callivoire est une entreprise de solutions agricoles tournée vers le développement de l’agriculture ivoirienne et le bien-être des populations. Filiale du groupe UPL, 5° acteur mondial de l’industrie de la protection des végétaux, Callivoire propose une offre intégrée comprenant la protection des cultures, la fertilisation des sols, la fourniture de semences, de solutions d’hygiène publique, de matériels agricoles associée à une gamme de services dont la formation et l’encadrement. Callivoire accompagne les agriculteurs, les ONG et les entreprises à réaliser le plein potentiel de leur projet agricole en apportant “son expertise et son savoir-faire cultures ” Date de création: 25 février 2022 13:40
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